« La grande cantatrice qui a rendu célèbre le nom de Giuseppina Grassini est restée jusqu’ici assez mal connue en France — et même en Italie, sa patrie. Nous n’avions guère sur elle, avec la courte notice que Fétis lui a consacrée dans la Biographie universelle des Musiciens, que celle donnée par Scudo à la Revue des Deux Mondes et qui n’est, en réalité, qu’une paraphrase de la précédente ; toutes deux insuffisantes, et fautives. On en était là, et l’on ne savait rien de particulier sur une artiste que recommandait pourtant à l’attention, outre le talent dont elle avait fait preuve et qui lui avait valu une renommée considérable, l’intimité extraordinaire qui l’avait liée au plus grand homme de guerre des temps modernes, Napoléon en personne, lorsque paraissait il y a quelques mois dans un excellent journal de Milan, il Mondo artistico, le meilleur en son genre que possède l’Italie, une notice très informée sur la Grassini, notice très neuve, très curieuse, signée du nom de M. Antonio Cipollini. L’auteur de cette notice, qui, si je ne me trompe, est allié à la famille Grassini, est en possession de tous les papiers de la grande artiste, de sa correspondance, de tous les documents à elle relatifs ; il était donc à même de révéler et de faire connaître, en ce qui la concerne, les faits les plus intéressants et les plus intimes. Il n’a eu garde d’y manquer ; et si les pages qu’il lui a consacrées ne constituent pas une biographie en forme, si le récit est un peu fait à bâtons rompus et sans s’astreindre à une succession rigoureuse des faits, ces pages n’en sont pas moins précieuses, en ce qu’elles nous apportent, sur celle qui en fait l’objet, des renseignements nouveaux et précis, qu’elles rectifient les erreurs accréditées jusqu’à ce jour, avec cet avantage qu’elles nous font connaître la femme en complétant la carrière de l’artiste. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.