Look androgyne et agressif, maquillage outrancier
et plateform shoes, boas rose fuchsia et costumes à paillettes,
c'est à une véritable révolution esthétique, célébrant
l'extravagance et l'ambiguïté sexuelle, qu'assiste l'Angleterre
des années 1970. Le glam rock, mélange de sophistication
et de vulgarité, de refrains chétifs et d'envolées mélodiques
travaillées, est une réponse parmi d'autres - mod,
psychédélisme, reggae, punk, etc. - à la crise
identitaire des jeunesses européennes.
Entre concerts et performances, théâtre et travestissement,
David Bowie, T. Rex, Roxy Music, Suzi Quatro, Slade
ou Gary Glitter secouent le conservatisme en explosant
sur scène les conventions de genre et d'identité.
Ces artistes prennent ainsi acte de l'épuisement
d'un grand récit contre-culturel - celui de la musique
changeant le monde - et réorientent leur
investissement social et politique
de la veille vers le champ du spectacle.
Philip Auslander replace ici au centre de l'évolution
des musiques populaires un courant indûment relégué
aux marges. Il nous montre en quoi ce mouvement éphémère
autant que spectaculaire a été porteur de revendications
de libertés en tous genres et a contribué à incarner
les attentes et les ambitions d'une génération
tout en influençant en profondeur
les courants musicaux ultérieurs.