Sexe, Pouvoir, Argent, Célébrité sont les quatre commandements de la religion des années 90. Elle a son Vatican - New York -, ses grandes prêtresses - publicistes et rédactrices en chef -, et surtout ses idoles : les top models, traînant dans leur sillage une suite composée de courtisans, d'agents, d'attachées de presse, de gardes du corps, d'avocats, etc.
Connor McKnight observe cette faune avec un mélange de perplexité, de détachement et de mépris. Rédacteur «people» dans un magazine féminin et fiancé d'une idole, il se veut différent et rêve sa vie. En apparence, rien ne le distingue des autres, sinon une certaine aptitude à souffrir et l'aisance que confèrent les études supérieures. En réalité, son intelligence, sa gentillesse et son absence totale de sens pratique font de lui un déviant : il n'a en effet rien à vendre.
Connor survivra. On ne peut en dire autant de son âme, ni de son désir de devenir écrivain. Dans Trente Ans et des poussières, McInerney se penchait sur le sort douloureux des golden boys des années 80. Les personnages de Glamour Attitude sont moins innocents. Ici, tout est faux : les sentiments sont truqués, les réputations usurpées, les visages liftés, les corps siliconés.
Parce qu'il en connaît tous les détours, Jay McInerney se fait le chroniqueur de ce monde dont il dénonce les tics et le toc, avec une sorte de jubilation féroce : Glamour Attitude est une comédie new-yorkaise étincelante, sophistiquée, quelque part entre Truman Capote et Woody Allen.