Daniel Atias possède le visage que le narrateur de Globe-trotter a
toujours rêvé de peindre. Ce dernier est canadien et, comme Atias, il
bénéficie d'une bourse de séjour offerte par la petite ville de Banff,
dans les Rocheuses canadiennes. Fasciné par son visage, il passe l'essentiel
de son temps avec cet écrivain juif belgradois peu loquace, qui
suscite sa curiosité. Lors d'une visite au musée de la ville, tous deux
tombent sur les traces d'un certain Ivan Matulic, globe-trotter croate
ayant résidé à Banff dans les années vingt. Apprenant que le petit-fils
de ce Matulic vit à Calgary, tout près de là, ils l'invitent à passer une
journée avec eux.
Le duo devient trio, mais le narrateur se rend vite compte que la
relation entre le petit-fils de Matulic et Daniel Atias porte en elle les
déchirures d'un pays qui n'existe plus, l'ex-Yougoslavie. À la veille
du départ d'Atias, lors d'une dernière excursion à trois, les tensions
entre celui-ci et le petit-fils de Matulic deviennent de plus en plus évidentes...
L'interrogation autour des fractures de l'Histoire et des conséquences
sur l'identité de chacun reste au coeur de ce nouveau roman
de David Albahari. La culpabilité, la fascination, le trouble, le désir
et la difficulté de pardonner, tous ces sentiments sont magistralement
évoqués par l'auteur dans un récit puissant et subtil.