Premchand a opté pour une écriture engagée, un trait saillant de l'ensemble
de sa production littéraire. Dans Godan, ce grand écrivain met en scène le
combat tragique de la vie de Hori, un paysan du Nord de l'Inde dont le rêve
est de posséder une vache, symbole de la prospérité d'un paysan indien. Victime
des circonstances, Hori se voit accablé de dettes et réduit en esclavage.
L'intrigue du roman chevauche constamment le
monde rural et le monde urbain. L'histoire de Hori,
de sa famille et de son village est étroitement liée à
celle de Rai Sahib, le propriétaire terrien à qui appartient
le village. Les deux se sont endettés, se sont éloignés
de leurs fils rebelles et se trouvent réduits à
vendre leurs filles. Le roman met également en scène
plusieurs autres personnages de la ville : un éditeur
d'un journal, un avocat et courtier, un directeur de
banque, un homme d'affaires et un membre de l'aristocratie
locale. Comme le montre bien André Couture dans l'introduction,
l'architecture du roman reprend plusieurs thèmes classiques du théâtre et de
la mythologie indienne. Cela explique que, dès sa parution en 1936, l'année
de la mort de Premchand, ce livre a été immédiatement reçu comme un chef-d'oeuvre
de la littérature indienne et comme un monument de la littérature universelle.
Il a été traduit en plusieurs langues et sa parution en français, soixante
ans après sa publication en hindî et la mort de son auteur, est un événement.