En 1962. Christian Pelras, jeune ethnologue du Musée de l'Homme, vint s'établir à Goulien, chargé d'une étude sur "l'adaptation d'une communauté agricole et rurale française aux conditions de la vie moderne". Son séjour devait s'y étendre sur deux années. Ce travail lui avait été demandé dans le cadre de ce qu'on appelait alors les "enquêtes de Pont-Croix", vaste entreprise pluridisciplinaire dont le principal objet d'étude était la commune bigoudène de Plozévet. C'est justement pour "corriger les paramètres un peu particuliers de Plozévet" qu'on avait choisi comme" objet d'études témoin " la commune de Goulien, considérée comme "plus représentative de bien d'autres communes bretonnes". Au lieu de limiter son étude aux mutations en cours chez les agriculteurs comme chez les autres groupes socioprofessionnels, Christian Pelras porta une attention particulière aux spécificités culturelles - capistes et bretonnes - de Goulien. D'emblée, aussi, il inscrivit son approche dans une perspective historique, en cherchant à montrer comment les transformations dont on était témoin prenaient la suite d'une longue série de changements, dont la succession au cours du XIXe siècle laissait encore son empreinte dans la mémoire collective ; il lui semblait cependant que ce à quoi on était en train d'assister, en Bretagne comme dans les autres campagnes françaises, c'était le début de la fin d'un monde... Revenu plusieurs fois sur son terrain entre 1965 et 1970 dans la perspective d'une suite à ses travaux, Christian Pelras se trouva ensuite retenu par d'autres recherches en Indonésie et en Malaisie - sans pour autant perdre contact avec la Bretagne. Dès le début des années 1990, le projet d'un retour à Goulien avait commencé à se préciser. Il s'est finalement concrétisé en l'an 2000. On trouvera réunis dans le présent volume le résultat des travaux effectués à cette occasion (Goulien, An 2000), présentés à la suite d'une réédition de la thèse de 1965 (Goulien, commune rurale du Cap Sizun. Étude d'ethnologie globale). Revenu sur les mêmes lieux à l'orée du troisième millénaire, ayant mesuré le chemin parcouru en interrogeant les aînés, il a donné aussi la parole aux plus jeunes, ceux dont dépend l'avenir de Goulien. C'est donc l'évolution d'une commune bretonne sur deux siècles qui se trouve finalement ici retracée !