À la fin du XIIIe siècle, la guerre contre les seigneurs d'Este engendre à Bologne une crise des finances qui aura des conséquences sur les années à venir. L'objectif de la présente étude est de dresser un état de la fiscalité à Bologne entre la fin du XIIIe siècle et la première moitié du XIVe siècle et de décrire les conséquences de l'essor de la dépense publique sur la société, le système institutionnel et la production documentaire. Bologne offre un terrain d'étude très favorable en raison de la richesse documentaire de ses archives et d'un renouveau historiographique qui a permis de contextualiser aisément l'étude de la fiscalité urbaine. Bologne au XIIIe siècle est l'une des villes les plus importantes et les plus peuplées de l'Europe médiévale. Sur le plan institutionnel, elle se présente comme la plupart des communes de Popolo auxquelles succédèrent des expériences seigneuriales. L'étude de plus de 200 registres de natures différentes, conservés à l'Archivio di Stato de Bologne, a permis de montrer que ce sont la dépense publique et son difficile contrôle qui furent le vrai moteur des changements, la raison qui déstabilisa le pouvoir, força l'administration et les institutions à évoluer et poussa à la création de nouveaux outils et d'une nouvelle logique documentaire.
In late thirteenth-century Italy, war against the Este lords led to a financial crisis in Bologna that was to have repercussions for years to come. This study provides an overview of taxation in Bologna in the late thirteenth and the first half of the fourteenth centuries and describes the consequences of the surge in public spending for society, the institutional system, and documentary production. Bologna offers a very favourable field of study because of the wealth of documentation in its archives and a historiographical revival that has made it easy to contextualise the study of urban taxation. Thirteenth-century Bologna was one of the largest and most populous cities in medieval Europe. In institutional terms, it was like most of the communes of the Popolo, which were superseded by seigniorial experiments. A study of over two hundred registers of various kinds housed in the Archivio di Stato in Bologna has shown that it was public spending and the difficulty in overseeing it that were the real driving forces of change, that destabilised authority, forced the administration and institutions to evolve, and led to the creation of new instruments and a new rationale for record-keeping.