Lagos, fin des années 70. Une ville tentaculaire, grouillante,
où grandit Elvis, un garçon fasciné par Presley, et qui imite
son idole sur les plages dans l'espoir de gagner quelques
sous. Elvis n'a qu'une idée : s'évader du ghetto, où il survit
entre un père alcoolique, une marâtre indifférente et une
bande de délinquants. Quand on a seize ans au Nigeria, qu'on
s'est gavé de films américains, de reggae et de jazz, que votre
mère, morte prématurément, vous a légué un trésor de tendresse,
pourquoi choisir Presley pour horizon, et comment
s'assurer d'un Graceland bien à soi ?
Avec ce roman intensément visuel, lyrique, à l'ironie percutante,
le Nigérian Chris Abani, plusieurs fois emprisonné
dans son pays pour «activités subversives», a reçu aux
États-Unis le célèbre prix Pen-Hemingway. On ne saurait
saisir plus crûment que lui l'espérance au coeur d'un continent
à la dérive.