Ces poèmes s'imposèrent à moi plus que je ne les choisis, obéissant à un émerveillement intérieur qui mêlait et l'air et la terre, dont je ne pris conscience que plus tard. Rien de prémédité, donc, rien de décidé. C'est comme si la voix des herbes s'était à mon insu substituée à la mienne, ou plutôt comme si le monde se muait en une vaste prairie, au coeur de laquelle s'instaurait, répondant à un mouvement infime mais permanent, une conversation qui, prenant les herbes comme sujet, cherchait à même la terre, en leur être propre, la réponse à une question dont les termes m'échappaient. Cela restera pour moi une énigme. Qu'ont signifié ces herbes au coeur de mon attente, qu'avaient-elles à me dire? Tantôt droites tantôt ployées, elles se tenaient là, messagères d'un temps pris sur le temps, lequel pouvait bien s'arrêter. C'est alors que je me retrouvai seul avec elles, un peu herbe moi même.