Ce texte ne vise pas à fonder une nouvelle théorie des tropes,
mais à ramener l'étude des tropes dans le courant central de
l'étude linguistique des énoncés.
Les tropes partagent avec l'ensemble des énoncés linguistiques
l'aptitude à articuler un signifié complexe. Ce qui les caractérise
en tant qu'objets sémantiques spécifiques, c'est le caractère
contradictoire de ce signifié. Loin de se traduire dans un défaut
de structure qui les écarterait du territoire de la description
proprement linguistique, cependant, la présence d'un conflit
conceptuel confère aux tropes une structure sémantique plus
complexe, qui demande un supplément de description. Valorisant
l'autonomie réciproque des connexions linguistiques et des solidarités
conceptuelles, la contradiction représente la pointe extrême
du pouvoir de mise en forme des structures de la langue.