
«J'ai franchi plusieurs frontières, toujours vers l'est. L'extrême est.
Avec un passeport d'homme blanc dans la poche. Et pas grand-chose
d'autre. Quelques routes du ciel, quelques chemins d'Asie. Je me suis
retrouvé un jour à Bali. J'y suis resté. Ça faisait déjà trop longtemps
que j'étais parti ou alors c'est que j'étais fatigué de regarder derrière
moi. J'avais l'impression d'être dans le cul-de-sac de ma vie,
à cinquante ans, comme un vieux hippie.
L'indigène était jeune, bienveillant, il avait un smartphone. Les
ponts aériens déversaient des touristes mondialisés. On signalait la
disparition inquiétante des dieux. Moi, dans mon coin de rizière, je
léchais mes plaies.
C'est là que j'ai rencontré Jean-Bat, qui était gigantesque, québécois
et homo. Ce qui faisait beaucoup pour un seul homme. C'est là que
Jeanne m'est tombée dessus avec ses seins flottants et toutes ses
joies de vivre. Ce qui était trop pour en faire une passion.
Heureusement, il y avait de la bière et de la mousson pour noyer tout
ça comme on noie des chatons. Et des réseaux sociaux pour
interroger hier, quand on était jeune, dans une autre vie. Quand on
était beau et criminel.»
Que reste-t-il de l'amour libre, des utopies des années soixante-dix,
du rêve d'une vie à l'autre bout du monde ? À travers les tribulations
asiatiques de Simon Sorreau, écrivain en cavale, Grand chasseur
blanc brosse le portrait doux-amer - et néanmoins épique - de toute
une génération.
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