Guerre ou paix
L'après-guerre froide est terminé, mais nous n'en avons pas encore pris conscience.
Moins de vingt ans après la chute du mur de Berlin, triomphe supposé de la démocratie et du marché, s'ébauche un monde bien plus incertain, marqué par la montée en puissance de la Chine, l'Inde et la Russie, l'affirmation d'un islamisme radical hostile à l'Occident, les menaces de prolifération nucléaire et autres risques planétaires. Dans le même temps, le fiasco de l'aventure américaine en Irak et l'enlisement de l'Europe politique annoncent la fin de l'ère atlantique, caractérisée par le leadership du couple euro-américain sur le système international.
La mondialisation est désormais le principal moteur des transformations de la planète, mais ni ses détracteurs, ni ses zélateurs n'ont perçu qu'au tournant du XXIe siècle, elle est devenue porteuse de tensions autant que d'apaisement. Stratégies de puissance, compétition énergétique, réveil des nationalismes et des passions identitaires, guerre, terrorisme : la dépolitisation des mouvements économiques, dogme de la pensée libérale depuis les années quatre-vingt, se heurte à la géopolitisation de l'espace mondialisé.
On postulait que la croissance garantissait la paix : voici qu'il nous faut penser ensemble la prospérité et la conflictualité. C'est cette nouvelle équation, explosive, que l'essai lumineux de Laurent Cohen-Tanugi entreprend d'analyser pour nous livrer les clés du monde recomposé qui en découle.