Albert Thibaudet (1874-1936) a été le critique le plus écouté entre les deux guerres. Jean Paulhan écrivait, à propos de sa méthode : «Il est facile d'aimer la littérature. Thibaudet allait beaucoup plus loin : il aimait les écrivains. Il avait plaisir à relever dans un livre, dès la première page, certain terme ingénieux ; dès la troisième, une invention délicate ; et, pour finir, quelque alluvion, apportée par la rivière Sénèque ou le fleuve Virgile.»
C'est parce qu'il aimait Gustave Flaubert que son livre, publié pour la première fois en 1922, remanié en 1935, nous aide encore aujourd'hui à mieux comprendre le solitaire de Croisset. Pour la première fois, un critique donnait une vue d'ensemble de la vie et de l'œuvre de Flaubert, le débarrassait de sa double étiquette de romantique et de naturaliste, et montrait enfin que Flaubert est un classique.