- Non père, il ne m'a pas encore troué la nudité.
- Par Dieu, est-il impuissant ?
- Je ne sais pas ; je ne crois pas. Je n'ai pas... je...
- Quoi ? Tu n'as pas habité sa couche ?
- Non père.
- Tu attends la venue du prophète, ma fille ?
- Père je...
- Ma fille tu ouvres ton jardin quand il ne faut pas, et quand il urge tu le fermes. Ouvre ton jardin ma fille, pour l'honneur de la famille.
- Je ne sais comment m'y prendre père.
- Tu as, au moins une fois déjà, su t'y prendre et apprendre toute seule, sans l'aide de ton père, si je ne m'abuse. ... Dis-moi dans quel hôtel vous êtes, ma fille. Ton frère a quitté la maison et a vite attrapé son chemin pour vous rejoindre. Il m'appelle ce soir, dis-moi où vous vous êtes posés ; il viendra te prêter un peu d'intelligence. Il faut en finir.
Abou, pour blanchir l'honneur de sa famille, décide de marier sa fille enceinte à son jeune cousin.
La fille, elle a encaissé sa vie de jeune femme au service de parents malades et a retroussé ses rêves pour aider sa soeur et son frère cadet à tracer leur vie hors du toit familial. A quarante ans, elle n'a plus guère de chance d'intéresser les hommes de son pays qui préfèrent celles qui ont encore une jeunesse à croquer à bout de dents.
Le cousin, quant à lui, c'est sa toute première venue au pays de son père. Un père - le frère d'Abou - qui est pour tous « l'absent », celui qui a quitté famille et pays pour creuser des années de silence entre lui et les siens.
En d'autres temps, Abou n'aurait pas accueilli ce neveu en quête d'on ne sait quoi exactement. Mais ici, il n'a pas le choix : un grave péril met en joue la respectabilité de la lignée.