Habitation avec les îles, maintenant traduit intégralement
en français, constitue la première anthologie poétique du poète
espagnol Manuel Moya (Fuenteheridos, 1960). Dans ces textes
l'on apprécie l'évolution littéraire personnelle de ce jeune poète
andalou qui centre son discours littéraire sur l'homme, dans
une réflexion qui oscille entre l'espérance et une vision critique
de l'existence, avec un langage qui recherche la transparence et
la clarté. Depuis ses premiers livres, comme La nuit étrangère,
jusqu'aux plus récents, Leçons de l'ombre et Ateliers de
masques, la voix singulière et profonde de ce poète s'est ouvert
un chemin dans le panorama espagnol, et cela en dépit de son
apparent isolement, puisqu'il vit dans une petite bourgade
andalouse, loin des courants des diverses écoles littéraires
espagnoles. Bien que la critique espagnole lui accorde une
certaine tendance marginale, la poésie de Manuel Moya -
l'Argentin Daniel Stuart l'a écrit - accepte une multiplicité de
registres et de regards, mais elle réside probablement dans la
résultante de cette superposition de masques successifs, d'états
d'esprit multiples et parfois contradictoires en apparence, où
nous est révélée la vérité de ce poète qui est à la fois
protéiforme et singulier, profondément authentique et
véridique. Habitation avec les îles signifie aujourd'hui le
premier contact des lecteurs français avec ce poète andalou, qui
incorpore une certaine influence de Machado dans ses vers,
avec le souci constant d'une clarté formelle et d'un arrière-plan
résolument humain.