Les tours de la Borde (1961-1968) sont une des réalisations coopératives les plus
exemplaires de logements subventionnés dans le contexte lausannois du second
après-guerre. S'inscrivant dans «l'action pour l'encouragement à la construction
d'immeubles à but social» lancée par les pouvoirs publics lors d'une période de
grande pénurie de logements à loyers bas, elles ont confirmé la réputation d'un
des meilleurs architectes qui aient pratiqué à Lausanne durant la seconde moitié
du XXe siècle : Frédéric Brugger.
L'étude des tours de la Borde, basée sur des archives en partie inédites, permet
d'illustrer un mode spécifique d'habiter «en hauteur», cette «unité de
voisinage» procédant d'une logique qui cherche à atteindre de hautes densités
par la construction de bâtiments élevés, un choix judicieux qui a donné lieu, dans
ces années-là, à des débats animés et qui, curieusement, fait encore de nos jours
l'objet d'intenses discussions.
Enfin, à travers l'étude monographique des tours de la Borde, il est mis en relief
et en perspective la qualité d'une réalisation d'inspiration organique, ancrée dans
le sillage des trajectoires humanistes de Frank Lloyd Wright, Alvar Aalto, Hans
Scharoun, Otto Senn et Ernst Gisel, des architectes auxquels Frédéric Brugger
faisait fréquemment référence et qui sont encore une source d'inspiration pour
l'architecture contemporaine.