Lorsque la destruction a lieu, il est trop tard pour suivre la haine dans ses œuvres, et pour la contrecarrer. D'où l'idée d'une généalogie et d'une phénoménologie de la haine sous sa forme la plus dure, sa forme «froide», celle qui couve longtemps, qui ourdit des méfaits implacables. Réagissant au monde tel qu'il est, à son agression ressentie comme odieuse, elle se «positionne» comme danger égal, comme riposte en miroir. C'est ce qui lui donne sa force explosive, longue, entêtée.
Couverte par bien des cautions au nom de la justice, elle prend des formes sublimes, l'idéal, le revival nostalgique, la réparation. La géopolitique, la lutte idéologique ou religieuse pour un monde meilleur lui donnent de quoi abriter sa haine de la vie. Cette enquête montre sa force immense, et cependant ses limites.