Hannah Arendt et la question juive
Pour une relecture
Sur l'antisémitisme, le premier volume de la trilogie d'Hannah Arendt (Les Origines du totalitarisme), à mi-chemin entre la philosophie et l'histoire, apparaît aujourd'hui indéfendable, et d'abord en raison de l'utilisation abondante d'écrits d'extrême droite, antisémites et nazis : les analyses sur les juifs de cour, l'émancipation des juifs européens, le rôle des Rothschild, la montée de l'antisémitisme en Europe à partir des années 1880 et l'affaire Dreyfus présentée comme une répétition du génocide, sont foncièrement erronées. L'antisémitisme allemand de la fin du XIXe siècle, la Grande Guerre et ses conséquences, la crise de 1929 et le nazisme, sont simplement ignorés ; en somme, les juifs, qui se considèrent comme le peuple élu, seraient responsables de leur malheur.
Pourquoi Hannah Arendt, juive allemande contrainte de fuir l'Allemagne en 1933, éprouve-t-elle une telle haine à l'égard des juifs ? Son mépris pour l'histoire et l'influence sur sa pensée de Martin Heidegger, du sioniste Karl Blumenfeld et de l'historien juif américain Salo Baron répondent à cette question.