En remportant plusieurs victoires contre l’Urbs au IIIe siècle av. J.-C., Hannibal, l’ennemi de Rome, marqua pendant des siècles la mémoire collective.
Fils du général carthaginois Hamilcar, Hannibal Barca était coutumier de la geste militaire : la peur de subir l’asservissement, le bruit assourdissant provoqué par les armes des belligérants qui s’entrechoquaient et le sang recouvrant les corps des soldats tombés sur le champ de bataille étaient autant d’expériences et de sensations qui lui étaient familières. Rome n’a jamais été aussi proche de l’anéantissement qu’au cours de la deuxième guerre punique, laquelle fut bien davantage qu’une simple nouvelle étape dans la lutte séculaire qui opposa la Ville à Carthage. Au fait de la géopolitique de son temps, Hannibal évita d’envahir l’Italie par la mer, se lançant plutôt dans une longue marche par voie terrestre, de Carthagène à la vallée du Pô, à travers un pays accidenté et parfois hostile. La décision de porter la guerre en Italie, bien que coûteuse en hommes et en éléphants, surprit les Romains.
Chef charismatique, il commanda une armée multiculturelle et polyglotte sans désaffection notable de la part de ses diverses troupes. Dès lors, il était assurément doté de deux qualités notables : la maîtrise du commandement et la compréhension des hommes. Il ne fut néanmoins pas en mesure de remporter la deuxième guerre ayant opposé Rome à Carthage (218-201 avant J.-C.). Aurait-il été meilleur tacticien que stratège ? Son armée se serait-elle montrée inférieure à celle des Quirites ? Son génie militaire aurait-il été surpassé par celui de Scipion l’Africain ?
Docteur en histoire et diplômé en sciences politiques, auteur de douze ouvrages et d’une trentaine d’articles scientifiques consacrés à l’Antiquité romaine, Christophe Burgeon est avant tout spécialiste des guerres puniques. Il est aussi l’auteur dans cette collection de Tibère, l’empereur mal-aimé et de Néron, l’empereur-artiste.