Certaines batailles sont considérées comme des signes annonciateurs de la fin de la chevalerie. Celle de Courtrai, où l'armée de Philippe le Bel s'inclina le 11 juillet 1302 devant une milice de paysans flamands. La défaite des chevaliers français devant les fantassins anglais à Crécy, puis à Azincourt... Pourtant, quarante ans avant Courtrai, une bataille comparable avait eu lieu en Alsace, marquant la victoire des miliciens strasbourgeois sur une armée féodale, celle de leur propre évêque, Walther de Geroldseck. Cela se passait le 8 mars 1262, devant le village d'Oberhausbergen, non loin de la capitale alsacienne. La mémoire de cette bataille a été effacée par une histoire plus riche et plus forte que partout ailleurs, par cette fusion des deux rives au coeur même de l'Europe. Elle mérite d'être ravivée, et ce livre en fournit la clé en faisant faire revivre les acteurs et le décor de cet extraordinaire scénario d'histoire. Car cette bataille permettra l'émancipation de Strasbourg, qui deviendra une ville libre et, mieux encore, une république urbaine, dotée d'institutions démocratiques à partir de 1332, et par l'établissement d'un ordre durable dans toute la région. Comme le souligne Georges Bischoff dans sa préface, par Hausbergen, Strasbourg est devenu l'autre nom de la Liberté...