Haute-Auvergne, un pays
Les photos de Christian Malon ont du corps ; elles nous saisissent ou s'insinuent en nous comme à la dérobée, sans crier gare. Elles incarnent les choses, sans insister, sans nous mettre les points sur les i, ni rouler des mécaniques, ni en faire des tonnes. Elles nous ont apprivoisés, les présentations ont eu lieu, nous avons pris la mesure de leur évidence et elles ne nous quitteront plus. Elles nous accompagneront au long cours des saisons, les merveilleuses et les autres, les grises et les bleues ; elles ont de la suite dans les idées et c'est peut-être le pays premier qui veut ça, ce pays perché, perdu et éperdu où nos minces lignées n'ont pas impunément commencé d'être. Lignées paysannes, ou commerçantes, les deux à la fois ou successivement, elles font source et terreau pour les photos et pour les textes qui empoignent la matière même du monde, la ruminent, la triturent, la malaxent, la réinventent, comme on allumerait un feu pour se tenir chaud un soir d'octobre au bord du bois quand la nuit monte et devient bleue.