Nathaniel Hawthorne disait être «l'homme de lettres le plus obscur
d'Amérique». Homme réservé qui fuyait les mondanités, bâtisseur
d'une oeuvre à contre-courant des canons romantiques de son
époque, Herman Melville vit pourtant en lui le seul auteur américain
susceptible d'être comparé à Shakespeare. Désormais un classique
incontournable de la littérature américaine, l'auteur de La Lettre
écarlate reste méconnu en Europe, et particulièrement en France.
L'essai littéraire d'Antoine Traisnel est l'occasion de mettre en lumière
cette figure singulière en mêlant éléments biographiques et analyse
des oeuvres. Mû par le même élan critique qui anime les fictions de
l'écrivain américain, Hawthorne interroge la manière dont l'allégorie,
forme d'écriture prisée par Hawthorne alors même que le romantisme
l'avait vouée à l'obsolescence, fait et défait la trame de l'imaginaire
américain. L'allégorie ne renvoie pas chez Hawthorne à un système
figé de correspondance entre un discours et son sens présumé. Il s'agit
au contraire d'une «puissance de figuration», qui met à l'épreuve
certains présupposés qui travaillent et hantent l'acte critique.
Dans cet essai magistral, on découvre derrière la silhouette de
l'homme raffiné un artiste engagé qui use de l'allégorie pour dénoncer
le conformisme de son époque et prend ainsi sa place parmi les plus
grands écrivains américains, aux côtés de Ralph Waldo Emerson,
Henry David Thoreau et Henry James.