Hegel ou la Vie en rose
« Le décalage entre les certitudes de gens qui se séduisent et la vérité de leur situation est peut-être l'ouverture par laquelle les multiples figures de la séduction peuvent se glisser. Mais revenons à Hegel. Un philosophe expliquerait mieux que moi le décalage entre certitude et vérité : il montrerait comment l'adoption d'une vérité par une personne (à moins que ce ne soit le contraire) se transforme progressivement pour elle en une certitude et qu'au cours de ce processus d'appropriation, la vérité a continué son bonhomme de chemin pour, en fait, se trouver bien au-delà de la certitude de cette personne. Le dialogue, un peu abstrait, que je me faisais pendant les insomnies ressemblait à ça :
- J'en suis sûr !
- Trop tard ! »
Publié en 1992 à L'Arpenteur (Gallimard), Hegel ou la Vie en rose est ici suivi d'une transcription des propos d'Éric Duyckaerts à la 52e Biennale d'Art de Venise (2007) et de « Mesure pour mesure » (1990).