La période très longue pendant laquelle Helmut Kohl a été au
pouvoir, de 1982 à 1998, recouvre deux phases distinctes de la politique
étrangère de la République fédérale. La chute du mur de Berlin
en 1989 et la réunification en 1990 ont en effet considérablement
modifié les intérêts, les objectifs et les priorités de la
diplomatie allemande. La politique de construction européenne
menée par le chancelier Kohl représente donc une double spécificité.
Avant 1989, alors que l'Allemagne fédérale était divisée et
dotée d'une souveraineté limitée, il a tenté de s'affirmer sur la scène
européenne en prônant le développement de l'intégration communautaire,
afin d'élargir la marge de manoeuvre allemande sur la
scène internationale. La fin du conflit Est-Ouest a changé cette
donne : Helmut Kohl s'est retrouvé à la tête d'un pays réunifié et
pourvu d'une souveraineté pleine et entière, redevenu l'une des
toutes premières puissances politiques et économiques en Europe.
D'où le souci de ses partenaires de l'ancrer encore plus fermement
dans le cadre de la Communauté européenne - une politique activement
soutenue par un chancelier très favorable à l'intégration européenne
de l'Allemagne. Helmut Kohl a en effet réalisé que le resserrement
des liens entre la RFA et les autres pays membres passait
par l'approfondissement des structures communautaires et, par
conséquent, par des transferts de souveraineté plus importants.
Avec ses partenaires européens, le gouvernement Kohl a ainsi travaillé
aux traités de Maastricht et d'Amsterdam, qui ont constitué
la réponse de l'Union au défi de la réunification allemande.
Les différentes étapes de ce long processus, qui va de la relance
communautaire en 1983 à l'approfondissement de l'Union politique
à Amsterdam, en passant par l'Union économique et monétaire,
sont minutieusement analysées par Hans Stark dans cet
ouvrage, qui est issu d'une thèse de doctorat soutenue en 2001 à
l'Université Paris I, Fanthéon-Sorbonne.