J’ai entrepris d’écrire l’histoire d’Henri l’Aveugle, qui fut comte de Luxembourg depuis 1136, et comte de Namur depuis 1139 jusqu’en 1196. Les quelques pages que lui consacrent les historiens namurois et luxembourgeois De Marne, Bertholet, Galliot, Borgnet, sont bien incomplètes et ont considérablement vieilli. Au point de vue de l’histoire générale de notre pays, ce règne, sans être de première importance, présente cependant un réel intérêt. La lutte d’Henri l’Aveugle avec les principautés de Liége et de Trèves forme un épisode peu connu de l’histoire de ces principautés au sortir de la Querelle des Investitures ; et la question de la succession namuroise fournit de précieuses indications sur les rapports de l’empereur avec la Lotharingie pendant la seconde moitié du xiie siècle. Au point de vue purement namurois, le règne d’Henri l’Aveugle est capital. Il résume et clôture la période dite des comtes de la première race (xe-xiie siècle) et nous fait assister aux événements qui établirent la situation politique du comté depuis le début du xiiie siècle jusqu’au moment de sa réunion aux États de la maison de Bourgogne en 1429.