Contemporain de François Ier, Charles Quint et Soliman le Magnifique, Henri VIII se singularise en s'engageant dans des territoires au sein desquels personne avant lui n'a jamais osé s'aventurer. Ce qui se passe entre 1509 et 1547 n'est en effet comparable, dans l'histoire du pays, qu'à l'invasion de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066, un demi-millénaire plus tôt. Perçu comme le dernier souffle de la monarchie médiévale, son règne est d'abord celui d'un jeune roi pieux et catholique, incarnation parfaite du prince de la Renaissance. Lorsqu'il meurt quarante plus tard, cependant, le Tudor est aux yeux de tous devenu un tyran sanguinaire et schismatique, créateur d'une Église nationale et d'une nouvelle manière de gouverner. Innombrables sont les digues séculaires qu'il aura fait sauter : il aura rompu avec la papauté ; divorcé deux fois ; fait exécuter deux de ses épouses, mais aussi son principal ministre, son chancelier, un cardinal et quantité de nobles et hommes d'Église ; ordonné un tour de vis fiscal sans précédent ; supprimé tous les monastères du royaume ; confisqué, bâti ou rénové des dizaines de palais et de châteaux. La rupture avec Rome, particulièrement importante, constitue un événement fondateur, à l'origine d'une évolution décalée du reste de l'Europe, comme si depuis lors l'Angleterre ne cessait de rejouer le synopsis du règne d'Henri VIII, en étant toujours dedans et dehors à la fois.
Cédric Michon brosse avec brio le portrait du plus célèbre des monarques anglais, dont l'histoire est l'une des meilleures que l'on puisse raconter, car tout y est. La violence et le sexe. L'amour et la haine. Le pouvoir et la démesure. L'amitié et la trahison. Le fils écrasé par son père ; le père écrasant ses enfants. Il propose le dépaysement d'une époque lointaine, mais aussi une tragédie intemporelle et universelle sur l'amour, la famille, la guerre, la liberté de l'esprit et le pouvoir.