Les personnages de Henry IV sont des métaphores palpitantes qui font de la vie un art perpétuel, tous atteints, altérés, ivres de désir et de jouissance, balayés par le démon du temps et de la guerre, galopant à l’assaut de leur propre destin, tels les messagers de l’épopée. Ceux qui, sans ancêtres, ni postérité, sont emportés comme feuilles au vent et ceux qui à travers les générations, apprennent leur vie et la consument, ceux qui volent en haut, ceux qui volent en bas, tous la dévorent et la chantent. Tous construisent le monde, ils écoutent, ils guettent, ils ouvrent les portes, restent éveillés la nuit et essaient tous les délices. Chacun est le monde à soi seul et forme avec les autres un système d’astres, de météores volubiles et brillants, âmes saignantes qui s’écoutent vraiment, se parlent vraiment, se regardent briller et s’offrent. Chacun est un héros de chanson de geste, écorché, dilaté, innocent, toujours en danger, qui rêve sa vie avec sérieux. Chacun a un système solaire dans sa poitrine, chacun est le poète de son aventure, aucun n’y résiste, tous s’y abandonnent et la racontent en détail, avec fièvre, impudeur et inconscience, imagination et gaîté.