Pour comprendre la dialectique - platonicienne, théologique
et chrétienne, hegelienne et marxiste - il faut remonter à
Héraclite, chez qui nous rencontrons une pensée originelle,
avant la constitution systématique de la philosophie et de la
métaphysique, avant le fractionnement des disciplines (en logique,
théologie, métaphysique, physique, biologie, anthropologie,
éthique, politique et esthétique).
On s'efforce de présenter ici la pensée d'Héraclite dans son
ensemble cohérent, dans sa totalité fragmentée et fragmentaire.
Car cette pensée, qui reconnaît la vérité de l'errance et la
puissance de la bêtise, contient déjà les pensées qui se développèrent
ensuite dans les perspectives autonomisées ; elle éclaire
toute la problématique de la fondation et du dépassement de
la philosophie. Il s'agissait donc de grouper autour des grands
foyers - du logos, du cosmos, du divin, de l'homme, de la cité -
les fragments qui s'y rapportent le plus explicitement, tous les
fragments émanant d'un même centre et convergeant vers lui :
l'être en devenir de la totalité une, le Jeu suprême.