Invitation au voyage
En 1834, à Edo, un jeune peintre, Hiroshige, publie un recueil d'estampes illustrant les cinquante-trois stations de la route du Tôkaidô, reliant la capitale du Japon à Kyotô. C'est immédiatement un véritable succès. Trois ans plus tôt, le maître Hokusai avait fasciné avec ses « Trente-Six Vues du mont Fuji ». Tous deux renouvellent l'art de l'ukiyo-e - ces « images du monde flottant » presque exclusivement dédiées aux courtisanes, scènes érotiques et acteurs de kabuki -, par leurs estampes consacrées au seul paysage.
Hiroshige n'hésite pas à parcourir à de multiples reprises la route du Tôkaidô, pour mieux représenter sites fameux et scènes de genre prises sur le vif. Dans ses innombrables estampes, où se conjuguent réalisme et poésie, il célèbre à la fois les plaisirs fugitifs de la vie et la nature. Les saisons, les heures du jour et du soir et les intempéries - brume, orage, vent, neige et pluie - prennent vie sous son pinceau ; hommes et nature y sont en parfaite harmonie.
Au fil du temps, le peintre, faisant fi des limites de la gravure sur bois, déploiera des trésors d'innovation. Ses cadrages inédits enthousiasmeront les collectionneurs européens portés par la vogue du japonisme, au premier rang desquels figurent Vincent van Gogh et Claude Monet.