Même nom, même prénom, même
famille. Et même destin : Daniel
Legrand père et Daniel Legrand
fils sont arrêtés le 14 novembre
2001. Soupçonnés de pédophilie
dans l'affaire d'Outreau, ils passent trois ans en prison. En
attendant leur procès, ils vivent les mêmes tourments :
angoisse, désespoir, humiliations, stupeur face à ce qui leur
arrive. Et inquiétude permanente de l'un pour l'autre.
Histoire commune est leur récit. Un récit à deux voix, sans
haine ni pathos, où le père, ouvrier du Nord au caractère
entier et pudique, raconte comment les épreuves traversées
n'ont pas suffi à le faire plier face aux pressions d'un juge
convaincu de sa culpabilité. Où le fils, vingt ans à l'époque,
nous fait partager avec sensibilité les raisons qui l'ont poussé,
lui, à courber l'échine : à bout de nerfs, séparé de sa famille,
totalement perdu, le jeune homme décide de faire de faux
aveux. Avant de se rétracter, il va jusqu'à inventer le meurtre
d'une petite fille, mensonge qui fera définitivement basculer
le dossier dans une hystérie médiatique et judiciaire.
Aujourd'hui l'histoire n'est pas terminée. Après l'acquittement,
la reconstruction ne se fait pas sans mal. Médicaments,
angoisse, et même drogue pendant quelque temps : le fils ne
va pas toujours bien. Alors le père s'inquiète.
Histoire commune en devenir, donc. Avec, en filigrane de ces
témoignages, les sentiments profonds qui unissent les deux
Daniel Legrand et qui, sans mots ni grandes déclarations, les
ont maintenus à flot pendant le voyage. Sans oublier le
soutien sans faille de leur famille qui a permis de garder la
lumière au fond des cachots.
L'affaire d'Outreau est aussi, pour eux, une histoire d'amour.