Les Gaulois ne sont pas nos ancêtres, Charlemagne n'a pas inventé l'école, les Arabes n'ont pas été repoussés par Charles Martel à Poitiers et les poilus ne sont pas partis à la guerre « la fleur au fusil ». Tous ces épisodes appartiennent pourtant au roman national, qui a bien besoin d'être dépoussiéré. Mais aussi complété : qui se souvient de la révolte des Rustauds ? de la guerre des Camisards ? de la grève des sardinières de Douarnenez ? du « Mé 67 » guadeloupéen ? Dans ces pages se dessine une aventure historique faite de luttes, de résistances, de désenchantements, de soumissions, d'émancipations, de défaites et de victoires. Une épopée tantôt joyeuse, tantôt triste ou sanglante, et qui se déroule jusqu'à nos jours. Il s'agit de répondre à une question : quelle est la place du peuple dans l'histoire de France ?
Dans la continuité du travail de Howard Zinn, de Gérard Noiriel et de bien d'autres, ce livre revisite les mythes nationaux à l'aune des avancées historiques les plus récentes. Il interroge les origines de la France, en retrace les grands et les petits épisodes pour placer au coeur de l'histoire les actrices et les acteurs oubliés par le roman national et colonial.
Ce livre s'adresse en priorité à tous les profanes, jeunes et moins jeunes, qui veulent qu'on leur raconte une autre histoire que les versions plus ou moins actualisées de ce bon vieux récit national. Une histoire qui leur parle un peu plus d'eux-mêmes et d'elles-mêmes. Une histoire populaire parce qu'elle leur fait une vraie place. À la façon d'un antiquaire qui découvre sous la patine d'un vieil objet des facettes cachées, des angles saillants et des couleurs vives, nous devons ôter les couches d'idées reçues qui encombrent notre imaginaire. Accepter de cheminer autrement dans le passé de la France et, pourquoi pas, préparer des lendemains qui chantent.
Le roman national laisse de côté les personnes « ordinaires » en valorisant les personnages « extra-ordinaires » - essentiellement des hommes. On risque d'en déduire qu'eux seuls comptent quand les autres subissent leurs décisions sans jouer aucun rôle. Cette vision porte un regard depuis le haut du monde social, jamais depuis sa base. C'est une histoire confisquée par les puissants qui fait disparaître l'essentiel des acteurs du passé. Ce qui fait beaucoup d'absents - et surtout d'absentes.