La boxe française modeme, discipline de combat de percussion pied-poing, est devenue un sport de compétition après bien des avatars. Ses origines remontent au début du XIXe siècle, période où le peuple parisien lui donne vie en l'appelant «savate» ou «chausson». La pratique est alors essentiellement tournée vers l'auto-défense et ses représentants les plus fameux sont Michel dit Pisseux et L. Leboucher. Puis, elle évolue dans deux directions : d'une part, vers une forme saltimbanque avec, notamment, l'influence de L. Vigneron et de Rambaud, et d'autre part, vers une pratique gymnastique avec les frères Lecour. Se surajoute, dans les années 1870, le modèle de Joinville avec la célèbre leçon sur les quatre faces : il étend principalement son influence sur l'Ecole et l'Armée. Enfin, au tournant du siècle, celte discipline connaît une certaine stabilité avec la boxe française académique des Charlemont malgré quelques formes concurrentes comme la boxe française de combat développée par Leclerc, Chabrier, Léon, etc... Cependant, à l'orée de la Grande Guerre, tous ces modes de pratique finissent par tomber dans l'oubli. Ce n'est qu'à la Libération et avec la fin progressive du long monopole Charlemont que renaît la boxe française. Elle débouche sur la pratique compétitive de combat unifiée des années 70 après bien des dissensions internes.
Cet art pugilistique a donc connu un long processus de sportivisation dont cette étude s'attache à rendre compte. En particulier, elle se propose d'expliquer les origines de la savate qui est une pratique sans équivalent au niveau européen ainsi que ses mutations. Elle tente en outre de retracer l'histoire de cette discipline et celle de ses pratiquants en relation avec leur contexte social, politique, culturel et géographique sur la base d'analyses d'archives ainsi que de nombreux entretiens. De plus, parce que l'histoire de la boxe française est étroitement liée à celle des pratiques physiques hexagonales, ce travail offre un point de vue original de l'évolution de la gymnastique et de l'éducation physique sur les deux siècles derniers et permet d'apprécier un pan de la culture française.