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L’intérêt majeur de l’étude à laquelle Laurence Bertrand Dorléac s’est consacrée résulte, me semble-t-il, de la double analyse dont elle procède, à la croisée de l’histoire de l’art et de l’histoire des idées politiques. Celle-ci se nourrit d’ordinaire au corpus des œuvres écrites : essais, romans, articles, manifestes, discours en tous genres… Mais le va-et-vient de l’auteur entre les proclamations théoriques, les institutions et les réalisations artistiques, nous remet en mémoire l’importance des arts plastiques dans la Révolution nationale. En même temps, Laurence Bertrand Dorléac nous fait mesurer l’écart durable entre les intentions du nouvel « État français » et le bilan de ses œuvres ; en quoi ce livre apporte une contribution supplémentaire à notre connaissance des « années noires ». En ce domaine comme en d’autres mieux connus, les projets totalitaires du vichysme se sont heurtés à des pesanteurs héritées autant qu’à des conjonctures contraignantes (...). C’est une contradiction permanente du nationalisme français, l’idéologie vichyste, glorifiant le retour à la terre et l’antimodernisme, contribuait à la propre sclérose d’une société condamnée, au nom de la cohésion, à l’immobilisme et à la reproduction. Plus ou moins conscients qu’un retour au passé contient le risque d’un vieillissement, les promoteurs du régime ne peuvent exclure complètement la modernité - et l’auteur de nous montrer les failles à travers lesquelles les avant-gardes continuent à s’exprimer (...). Laurence Bertrand Dorléac a réalisé la première étude de fond sur cette histoire. La richesse de sa documentation et la sagacité de ses analyses font de son travail un livre de référence. Michel Winock.