Histoire de mots et luttes de langues
« Il n'y a pas plus de linguistique marxiste qu'il n'y a une physique nucléaire marxiste. Mais le langage est une pratique humaine trop importante pour être abandonnée aux linguistes. Il est donc clair que toute politique d'émancipation a besoin d'une philosophie politique du langage. »
À travers deux interventions inédites de Jean-Jacques Lecercle, complétées par un entretien avec l'auteur, l'ouvrage donne à voir l'apport crucial du marxisme à l'analyse des textes, déclinée en deux gestes complémentaires : exhumer, à même les mots, les luttes de classe qui y sont sédimentées, au moyen d'une socio-linguistique historique qui pense le langage dans et comme histoire ; retracer les vies d'une œuvre (ici, Frankenstein ou Dracula) au-delà de la conjoncture qui l'a produite - le devenir-mythe qui l'arrache à l'histoire, et la dégradation en archétype qui permet sa mobilisation idéologique dans un nouveau contexte. La lecture marxiste des textes devient, du même coup, une arme pour l'analyse marxiste des situations, tant « toute lutte politique est une lutte linguistique ».