L'enfant, laissant peu de traces, est longtemps resté un grand absent de l'histoire contemporaine. Pourtant, pour qui voudrait lire entre les lignes, les plus jeunes en disent long sur la société bâtie par leurs aînés. Les parties de billes, de cache-cache et de marelles sont le reflet de leur temps, des enjeux politiques, des progrès médicaux et industriels, en somme de l'évolution de la société.
Dans la France contemporaine, l'enfant et ses jeux ne révèlent pas seulement en négatif l'histoire, ils y participent en tant qu'objets de toutes les attentions. Au sortir du XIXe siècle, le régime républicain se penche avec intérêt sur le sort des petits Français : il s'agit d'affermir la République et les enfants bénéficient alors d'un apprentissage scolaire, dont l'enjeu est hautement politique. Deux guerres mondiales viennent cependant rompre le cours de leurs vies. Puis les enfants du Baby Boom profitent des Trente Glorieuses, et plongent au coeur de la société de consommation. À la fois tributaire d'une histoire globale et d'une histoire intime, l'enfant demeure ainsi le fruit de son milieu social et culturel : il est soumis aux valeurs et aux idées d'une époque, quand ce n'est pas à la violence et aux paradoxes de la guerre.