Redécouvreur des traditions graphiques populaires à travers l'imagerie d'Épinal, la caricature et les chansons, Champfleury exhume ici la dimension politique présente dans ces objets d'usage courant et commun que constituaient alors assiettes décoratives et petits meubles de faïence (plumiers, pots de rasage...). Aussi bien, se dégage ainsi la diffusion des représentations et des contradictions révolutionnaires telles qu'elles étaient figurées (interprétées) dans les profondeurs de la
société. Le bouleversement des codes idéologiques se saisit d'un objet quotidien omniprésent, le mue en média de propagande et de revendication, le détourne lorsqu'il était jusque-là miroir des grâces aristocratiques propres à la galanterie baroque, de
l'édification religieuse, et des bestiaires et floralies. S'il substitue, aux exploits des puissants, la geste des porteurs de bonnets phrygiens, il suit aussi l'actualité des processus collectifs. Il va de soi que le qualificatif de patriotique s'entend ici comme le quasi-synonyme de révolutionnaire au sens de la prise de la Bastille, de l'irruption du tiers état dans ses composantes les plus humbles en tant que sujet politique, et de l'autodéfense de la « liberté » contre les monarchies coalisées. Rien de commun avec les sempiternels succédanés nationalistes qui depuis s'attribuent ces glorieux souvenirs.