Les salaires français constituent entre la Libération et l'année 1968, une veritable sphère salariale élaborée à travers la généralisation des conventions collectives. Ils forment la majorité du revenu primaire des ménages, les deux tiers de la valeur ajoutée des entreprises et la moitié du PIB. Leur organisation est alors caractéristique de celle des pays libéraux avancés et leur croissance est rapide (4% par an). L'existence de modes d'ajustement pluriels (conventions collectives, politiques publiques de libéralisme dirigé, assurances sociales généralisées et juridictions prud'homales) tempèrent l'impression première de relations sociales tendues. Depuis les années 1980, l'érosion ou l'inflexion de ce système salarial à la fois libéral et social, qui a trouvé son apogée dans la haute croissance de 1950-1973, n'entame pas l'essentiel de son organisation.