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Épidémiologique et médicale, l'histoire du choléra est aussi l'histoire sociale d'un grand fléau. En 1832, lors de sa première manifestation en France, il a tant frappé les esprits, qu'un néologisme, inspiré par le teint du malade, en est issu, celui de peur bleue. Affolés par les premières atteintes du mal, les gens s'enfuient alors loin des villes ou se terrent dans leurs maisons. Les boutiques ou les ateliers se vident, les travaux des champs sont délaissés, et les marchés ne sont plus guère fréquentés. Les pouvoirs publics tentent de maintenir les règles essentielles de la vie sociale : ils dirigent la prévention et la lutte contre la maladie, et ils organisent les secours portés aux victimes. Depuis le XIXe siècle, favorisées par les relations multipliées entre les continents, sept grandes pandémies se sont ainsi succédé. L'analyse de leurs itinéraires et de leurs vecteurs a conduit les auteurs à privilégier certaines hypothèses de propagation, puis à les vérifier dans le cadre français. Ils illustrent ainsi comment l'étude d'un passé-laboratoire peut rejoindre les plus récentes recherches épidémiologiques, qu'il s'agisse du rôle des porteurs-sains dans la contagion, ou du débat sur une prédisposition génétique au choléra. Face à un danger énigmatique, la permanence des comportements humains apparaît avec évidence, mais les mêmes angoisses et les mêmes questions contribuent aussi à l'évolution de l'hygiène privée et publique, ainsi qu'à la médicalisation accrue de la société.