Les indianistes doivent cesser de se définir par la seule référence à l’Inde et se penser aussi en termes de disciplines : l’indianisme n’est que l’application des sciences humaines à une région déterminée du monde. Pour faire œuvre d’historien de l’Inde ancienne, la connaissance du sanskrit demeure toutefois fondamentale : sans elle, pas de contact intime avec la culture de cet immense pays, pas de lecture possible des documents dans leur langue originale. Mais le sanskrit n’est pas toute l’Inde. L’Inde est un tout. L’historien qui publie une étude sur les hors-castes, les chrétiens de Goa ou les Parsis n’est pas moins indianiste que celui qui se consacre aux brahmanes et aux rājas. Est indien tout fait survenu à l’intérieur des frontières naturelles du sous-continent, sans considération des frontières nationales actuelles, toutes récentes et contestées, ni du milieu ethnique, social, culturel ou religieux dans lequel il s’est produit.