Hitler ne fut pas le seul à être fasciné par les « protocoles des sages de Sion », le prétendu plan secret d'une poignée de juifs conjurés pour dominer le monde et ruiner l'Univers. Cet incroyable document, dont la réédition est presque partout désormais interdite, connut, après la Bible, les plus gros tirages de l'entre-deux-guerres.
C'est d'abord la prodigieuse fortune historique du plus grand faux politique des temps modernes qu'analyse Norman Cohn. Version définitive, et presque innocente, à l'origine, de toute une série d'élucubrations obscures, la petite machine de guerre fabriquée à Paris, à la fin du XIXe siècle, par la police tsariste pour justifier les pogromes allait, au lendemain de la Première Guerre, enflammer la propagande d'un monde en délire pour devenir la pièce maîtresse d'une idéologie exterminatrice et, entre des mains expertes au maniement des mythes, un chèque en blanc pour le génocide.
L'Histoire d'un mythe explore ainsi, par-delà le roman policier, quelques-uns des aspects les plus ignorés, mais les plus passionnants, de la psychologie collective de notre temps.