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1870 : la débâcle. Toute l’Europe répète que les vrais vainqueurs ne sont pas les soldats prussiens mais leurs professeurs. 1871 : l’École Alsacienne est fondée à Paris par un groupe d’hommes décidés à bouleverser des méthodes d’enseignement qui viennent de faire faillite. Il s’agit de doter la France d’un établissement libre où l’éducation soit enfin adaptée au monde occidental moderne ; où le casernement des lycées napoléoniens soit remplacé par l’épanouissement individuel ; où les humanités classiques, sans être délaissées, soient complétées par des humanités modernes : les langues vivantes y auront droit de cité et le sport, grande nouveauté, y fera son apparition. Les débuts de l’École ne sont pas faciles ; ses promoteurs se verront plusieurs fois au bord du renoncement. La première année, rue Jean de Beauvais, il n’y aura que cinq élèves. Assez paracloxalement, c’est Jules Ferry qui sauvera l’École Alsacienne (qui lui sert de modèle pour ses réformes) et l’aidera à devenir cet établissement pilote qu’elle n’a plus cessé d’être depuis, laboratoire et pépinière de l’université, de la politique, du monde des sciences et des arts. À travers l’aventure des crises nationales, et des fulgurantes inventions de l’esprit, défilent dans ce volume les plus variés des personnages : outre Jules Ferry, le tombeur même de Ferry, Clemenceau père d’élève dont les démarches sauvent la Maison du désastre financier ; et Ferdinand Buisson, Léon Bourgeois, Waldeck Rousseau, sans oublier un grand nom de la Commune : Édouard Vaillant… ; des parents de tous bords et de toutes options philosophiques et religieuses ; des élèves, dont certains par leur vie ou par leur œuvre lui ont rendu hommage, les Charcot, les Gide, les Monfreid… avec, aux avant-postes, la figure d’un grand humaniste, le directeur Rieder, camarade de Normale de Taine et de Sarcey. Ressuscitant avec maîtrise et passion à la fois cette étonnante aventure, Georges Hacquard s’est trouvé faire en même temps l’histoire et l’éducation et de la société en France depuis cent dix ans. Il s’appuie sur une documentation d’une étonnante richesse et complètement inédite, à peu de chose près. Ce premier volume (1871-1891) est d’une surprenante actualité : tous les problèmes d’éducation auxquels nous nous trouvons confrontés en 1982 s’y retrouvent. Les parents, les professeurs, quelles que soient leur origine et leurs convictions y trouveront de quoi nourrir leur réflexion.