Après Dans l'obscur royaume, Giorgio Pressburger poursuit sa réécriture de l'Enfer de Dante. Guidé par Freud, mais aussi par Simone Weil, conscience exemplaire du XXe siècle qui incarne sa Béatrice, le narrateur traverse d'abord un « purgatoire » où apparaissent de grands « perdants victorieux », comme Kafka, le funambule de Prague, Jan Palach, la torche humaine, ou encore Che Guevara, l'homme au visage honnête. Quant au « paradis », l'auteur y aura pour guide son propre père : ensemble, à bord d'une vieille guimbarde, ils retrouvent des personnages du Huitième District de Budapest, qui ont rencontré l'Histoire et ont parfois été broyés par elle. Dans cette recherche des racines, personnelles et collectives, qui prend souvent l'allure d'une sarabande onirique, Marx peut dialoguer avec Simone Weil, et saint François croiser le chemin de nos voyageurs...
Oeuvre à la fois familière et théologique, Histoire humaine et inhumaine gomme la frontière entre les vivants et les morts, mais nous rappelle aussi que c'est la vie terrestre elle-même - où cohabitent beauté et laideur, abjection et pureté, où les contraires se concilient -, qui constitue le seul « paradis » possible.
Mêlant les genres littéraires et les langues, le livre nous fait entendre, dans une vaste polyphonie, toutes sortes de voix qui nous questionnent, nous interpellent, nous entraînent dans un voyage initiatique à travers le temps et l'espace. Une oeuvre puissante, profonde, l'aboutissement, sans doute, du parcours exceptionnel de ce grand auteur mitteleuropéen.