L'exploration d'une période méconnue mais pourtant fondamentale dans l'histoire politique et religieuse de la France.
La Réforme protestante venait de s'introduire en France lorsque François 1er, en 1540, fit savoir que cette prétendue hérésie équivalait à un " crime de lèse-majesté divine et humaine ", et donc que les huguenots étaient par essence de mauvais sujets. Ce lien établi entre religion et politique, cette alternative entre droits de la conscience et fidélité au roi, les réformés tentèrent d'y échapper en s'organisant en parti, en combattant violemment puis en tâchant de s'arranger d'une cohabitation inégale, mais finirent, avec la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, par succomber. Le protestantisme français, qui représentait 10 % de la population en 1562, ne s'en releva jamais. Pourtant, le mouvement avait rallié une partie de la haute noblesse, comme le prince de Condé, les frères Coligny, la reine de Navarre, le duc de Rohan ou le vicomte de Turenne, et pénétré la noblesse seconde, avec Sully, Duplessis-Mornay ou François de La Noue. Le rôle des femmes fut ici considérable. On vit ainsi se former une organisation synodale, où nobles et bourgeois débattaient des intérêts de la cause sous le magistère des pasteurs, et que dénoncèrent ses adversaires comme une tentative républicaine de créer un état dans l'État, en particulier dans le Midi. Les enjeux internationaux, entre Angleterre, Provinces-Unies protestantes et Espagne catholique, n'étaient pas des moindres. Si la Saint-Barthélemy en 1572 ou le siège de La Rochelle en 1628 furent des événements spectaculaires, tout un travail de propagande, de polémique et aussi d'approfondissement spirituel mobilisa une communauté socialement diverse, souvent divisée, mais unie dans une communauté de foi dont la lecture de la Bible était le socle. Comme Michelet puis Lucien Febvre l'ont bien montré, cette histoire particulière fait partie intégrante de l'histoire de France.
L'ouvrage de référence qui manquait.