L'esclavage dans l'Europe moderne n'a rien eu d'anecdotique. Des centaines de milliers de personnes ont connu ce sort en Espagne et au Portugal du XVIe au XVIIIe siècle. Certaines l'ont été toute leur vie, d'autres seulement un moment, qui dans des conditions épouvantables de souffrance, qui luttant par tous les moyens pour se libérer, qui acceptant de jouer le jeu d'une lente et parfois illusoire intégration sociale.
Cette étude fine d'histoires de vie nous fait comprendre comment les classifications du temps rangeaient les esclaves aux marges d'une société qui se voulait ou se pensait blanche, chrétienne et de «sang pur». Humiliations et mépris ont ainsi fonctionné comme de puissants ressorts du maintien de l'assujettissement de personnes traitées comme des marchandises. A contrario, sentiments et passions ont également pu être source d'un métissage subvertissant les clivages identitaires.
En levant un voile de refoulement et d'oubli et en décrivant l'économie morale et affective des esclaves et de leurs maîtres, cet ouvrage s'inscrit dans une histoire sociale de la domination et des résistances à celle-ci.