ANDRÉ GIRARD est né en 1901 à Chinon. À l'âge de dix-sept ans, il rencontre Georges Rouault ; cette amitié sera déterminante dans sa vocation. Après des études à l'école des beaux-arts de Paris, il débute une carrière de peintre, de décorateur et d'affichiste - à une époque où l'on peignait encore à même les murs.
Dès l'accession au pouvoir d'Hitler, André Girard pressent la catastrophe. Révolté par les manoeuvres et les crimes du dictateur allemand, et sa complicité avec Staline, il publie alors ses premiers dessins politiques dans la presse de l'époque - notamment dans Les Échos, Paris Midi, Paris Soir, Paris Journal, Match, Marianne, Aux écoutes, Ulysse et Le Rire.
Visionnaire, cet homme que son ami Michel Simon qualifiait de « touche-à-tout » s'empare du dessin pour « alerter » ses compatriotes. Sa lucidité sans concession le conduit très tôt dans la Résistance dont il deviendra un haut responsable. En 1942, il part clandestinement pour Londres, puis gagne les États-Unis, à la demande du Pentagone. Après la guerre, il ne publiera jamais plus de dessins politiques. Il se consacre pendant vingt ans à l'invention de la « peinture en mouvement », réalisant trente-cinq films peints directement sur pellicule 70 mm. Il meurt à New York en 1968, sans avoir revu la France.
Dans sa préface, la comédienne Danièle Delorme - l'une de ses quatre filles - se souvient avec émotion de ce père d'apparence ordinaire, qui ne posséda jamais d'autres armes que son humour et son pinceau. Les dessins rassemblés ici pour la première fois furent son premier acte de résistance. Ils restituent avec une grande virtuosité les troubles de l'avant-guerre et les débuts de l'Occupation. Cahier de dessins, livre d'histoire, ces pages se lisent comme une fidèle chronologie du drame mondial qui s'est joué.