La réflexion sur le droit peut-elle saisir son objet comme s'il se
déployait dans une sphère autonome, ou bien doit-elle rapporter la
logique juridique aux usages politiques qui en sont faits ?
Partant de cette question, Hobbes et le sujet de droit met en lumière la
rationalité juridique développée par Hobbes - rarement étudiée comme
telle. Le philosophe rompt en effet avec les doctrines classiques de la loi
pour penser l'autonomie du droit et le type de normativité qu'il instaure.
Faisant de la volonté de l'individu la racine de l'ordre juridique institué,
Hobbes construit une théorie inédite de l'obligation et une pensée du
contractualisme centrée sur l'affirmation du sujet de droit, cette autre
figure de la subjectivité.
Mais cette pensée d'un sujet fondateur de l'ordre politique n'engendre-t-elle
pas de nouvelles formes d'assujettissement ? Inscrit dans un système
représentatif, jouissant d'une liberté négative plutôt que d'une absence
de dépendance, le sujet de droit n'en vient-il pas à consentir à sa propre
servitude ? Telles sont les interrogations qui traversent cet ouvrage et orientent
une lecture politique de ce moment décisif de la rationalité juridique
moderne.