Lorsque la Vie d'Hoffmann, de Jean Mistler, fut publiée en 1927, le grand écrivain autrichien Stefan Zweig la salua comme la meilleure biographie de l'auteur des Contes fantastiques. Elle fut très rapidement épuisée. L'édition nouvelle a été profondément remaniée. Certains points ont été précisés ou rectifiés et de nouveaux développements ont été introduits. En outre, la reproduction de plusieurs dessins d'Hoffmann lui ajoute un pittoresque élément documentaire.
Tour à tour magistrat, peintre et chef d'orchestre, en attendant de débuter à quarante ans par un chef d'oeuvre dans la littérature, Hoffmann résume, en sa courte existence comme en ses écrits, toutes les aspirations, les passions et les rêveries d'une époque aussi mouvementée que la nôtre. Ces années de la Révolution et de l'Empire où Napoléon faisait et défaisait les rois et les royaumes et où les cadres vermoulus de la société éclataient, ont vu naitre la musique moderne et une littérature qui faisait succéder au rationalisme le règne de l'imagination et du sentiment.
On trouvera dans le livre de Jean Mistler une évocation extrêmement vivante de ce milieu romantique qu'il connait bien. Les innombrables documents sur lesquels son étude est solidement étayée se fondent dans un récit dont la progression dramatique ne faiblit pas. Est-ce l'art du narrateur, est-ce l'intérêt exceptionnel du sujet, peu importe, on lira Hoffmann le fantastique comme un roman d'amour et d'aventures, où le fantastique et l'humour se mêlent à chaque page, mais où, chemin faisant, bien des clartés neuves sont projetées sur les mystères de la création littéraire et sur ces interférences du Rêve et de la Vie dont les surréalistes ont cherché le secret chez Hoffmann comme chez Nerval et Rimbaud.