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Un lycée de banlieue, l’un des pires, si l’on en croit les statistiques. Contourner la carte scolaire est une nécessité pour les familles, qui veulent à tout prix éviter cet établissement. Hiver 2003 : Augustin d’Humières et six anciens élèves décident de créer un réseau de solidarité avec les lycéens, avec un premier objectif : assurer la survie du latin et du grec. Chaque année, répéter le même leitmotiv : le grec et le latin sont les meilleurs vecteurs de l’égalité des chances !. Quatre ans plus tard : 250 élèves recrutés, des anciens élèves devenus professeurs de lettres classiques, avocats, élèves de grandes écoles, médecins, et qui réussissent à faire de ce lycée déshérité une citadelle des langues anciennes ; de nombreux élèves pour lesquels ces langues sont d’abord un merveilleux instrument pour maîtriser une langue française qui n’est pas parlée chez eux, et se familiariser avec des étymologies qui pourraient sembler « barbares ». Deuxième objectif d’Augustin d’Humières : un groupe de 20 élèves recrutés au hasard des couloirs et quelques professionnels du théâtre qui vont les aider à préparer un spectacle. Pas un simple atelier, mais des répétitions, trois ou quatre fois par semaine, tous les jours durant les vacances, dans le centre social de la cité où le théâtre s’invite dans le quotidien de ces élèves. Aller les chercher dans leur village, dans leur tour, chez eux devant leur play-station, afin que le Songe d’une Nuit d’été ou la Nuit des Rois soient montés… Puis voir un théâtre se remplir de 500 personnes qui n’y mettent jamais les pieds, voir des élèves se métamorphoser, sentir qu’il s’est passé quelque chose d’irréversible. Voir le projet grandir, se structurer, voir l’accompagnement à la scolarité se développer à tous les niveaux. Une série de portraits réalisés par Marion Van Renterghem met en relief quelques uns des acteurs de cette expérience extraordinaire.