Vivre « hors les murs », pour la mère de la narratrice, c'est la honte d'habiter un de ces villages de la lune qui abrite la « lie du peuple » à la périphérie de Séoul. « Hors les murs », c'est la ténacité de la mère, qui impose ses rêves de modernité à ses enfants, et lutte âprement pour déménager dans les beaux quartiers du centre. C'est encore la passivité du frère aimé, mais dont les choix malheureux en amour comme en politique vont plonger la famille dans le drame. C'est enfin la narratrice qui fait l'apprentissage de la liberté, liberté de vie et aussi de pensée dans une société pétrie de confucianisme déclinant et de luttes idéologiques qui mènent à la guerre (1950-1953) ; liberté à défendre aussi pour son pays qui, après le joug des colons japonais, doit lutter contre celui de ses propres dictateurs... C'est là que le destin de la Corée entre en résonance poignante avec celui de l'héroïne : « hors les murs » n'est pas que le symbole du rêve têtu de sa mère, c'est celui de tout un peuple malmené par l'Histoire.
Pak Wan-seo nous offre avec cette autofiction une de ses plus grandes oeuvres, vendue un million et demi d'exemplaires en Corée du Sud.