Écrire d'un livre de poèmes, c'est tenter d'en faire le portrait. Car tout vrai poète - et Willem M. Roggeman est de ceux-là - délègue dans l'aura de ses mots une image qui, ainsi que la lumière sur l'étang, se génère autant du récepteur que de l'émetteur. Hôtel Mélancolie me donne une plage déserte semée de coquilles vides, de ces coquillages qu'en des temps très anciens l'homme glissait dans les parois de sa caverne, première bibliothèque. Et qu'est-ce qu'écrire un poème sinon de tenter de lire le monde, celui qui nous est proposé, celui qui nous est à jamais refusé. « Le poète s'abuse sur le nombre de lettres du mot Dieu », écrit Roggeman. C'est dire que l'approche poétique est celle de l'absolu et que la faiblesse du langage même la rend improbable...
Extrait de la préface de Jacques Crickillon